Lieu commun : au printemps, les jours s'allongent, les jupes raccourcissent.
Les pantalons ayant définitivement pris l'avantage (quoi que le kilt revient en force, je ne désespère pas), le dicton est un peu désuet. Néanmoins, il reste une armée de petits signes distinctifs de l'arrivée de l'été.
Pendant plusieurs années de suite, avec mon pote le flutiste, on a pris un malin plaisir à se caler à une terrasse et à profiter de la douceur d'une ville étudiante sous les rayons des premiers beaux jours.
Aix, au printemps. Festival d'art lyrique mon cul, festival de corps à peine habillés, se balladant dans le but inavoué d'être regardés, plus, déjà.
Le Parc Jourdan est soudainement envahi, tout autant que les terrasses de cafés et... les salles de sport.
Hier, passant devant les secondes dans le but d'aller au premier récupérer ma voiture afin de me rendre à la troisième (quelqu'un a suivi?), je réalisai que la saison de chasse était vraisemblablement lancée pour ses demoiselles, les shorts et hauts sans soutien-gorge sont de mise, elles se réunissent en petit troupeau, pour brunir ces peaux qui ne sauraient rester pâles plus longtemps. Le parc jourdan était plus proche de Verdun, avec tous ces corps allongés et enchevêtrés les uns sur les autres, et je montais dans ma voiture un rien amusé par cette exposition de corps alanguis (mis à part la grosse dégueulasse en débardeur avec une touffe de poils digne d'une vieille coupe de cheveux de Lenny Kravitz sous les bras).
Je file à la salle de sport.
La salle de sport, c'est un peu particulier. Personnellement, je ne la vois pas comme un terrain de chasse, les mecs qui draguent dans les salles de sport font pas attention à leur environnement, c'est pas possible :
- à la salle de sport, primo, tu ne te fais pas "beau" pour y aller, tu as un jogging, un survet, une merde du genre, bref, un truc pas classe.
- à la salle de sport, tu fais du sport (si, j'ai des preuves). Donc tu fais un effort physique, et généralement qui dit effort physique dit également lamentable grimace, visage tout rouge et contracté, mâchoires serrées, gouttelettes perlant le long de la tempe.
- à la salle de sport, tu transpires. Donc 2 conséquences, d'une, les vêtements que l'on porte sont souvent auréolés... tout court. Qui plus est, on a super chaud, le visage fatigué par l'effort, et la transpiration, potentiellement, c'est pas notre meilleure odeur corporelle (qu'on ne me parle pas de féromones).
Bref, je rentre dans la salle habituellement peuplée de gladiateurs avec de la viande de partout sur eux, non, un truc flippant, vraiment, je vais me changer, je sors, lecteur MP4 sur les oreilles, serviette à la main, bouteille d'eau en poche, prêt à affronter la fonte plus d'une heure durant (ouais bon, j'ai repéré un début de bourrelet après une sale cuite, l'heure est grave).
Mais hier, ma salle était envahie. Des hordes de petites minettes en tenue de sport flambant neuves se relayaient au stepper, vélo, course, n'importe quoi qui puisse faire fondre le surplus de graisse avant l'achat du maillot Lise Charmel© à 130€, si y a moyen de prendre un 36 ou un 38 au lieu du 40, c'est pas pour la différence de prix vu l'économie de tissu, mais ça fait du bien au moral et le maillot, c'est un peu la rampe de lancement de l'été. Je reste dans mon coin, je fais mon truc, je suis là pour rien d'autre. Mais ça glousse.
Le soir, j'ai une soirée chez Coeur. On se court un peu après depuis deux ans. On sait bien que si elle m'a invité au milieu de ses potes que je ne connais pas du tout, c'est uniquement pour mon don d'élocution, mes passionnantes histoires, et mes vannes d'un goût douteux.
Je passe chez-moi, le temps d'une douche, et là, Orgueil (que je renomme à compter de ce jour Mademoiselle K.) m'appelle.
Ça marque une pause.
Je décroche, et décide que je vais être en retard à la soirée.
Mademoiselle K., c'est un très gros regret. Une fille que je n'aurais peut-être pas du perdre connement, comme je l'ai fait. En la trompant, une fois, en m'en voulant, en gâchant tout. C'est la dernière personne avec qui j'ai eu une relation vraiment viable. Une relation que je regrette.
Elle a pas trop le moral, on parle, je la fais rire, on se raconte nos vies, je lui dis que je fais de la merde, que ça ne m'enchante plus vraiment. On en vient à parler de la rupture, je lui fais comprendre assez clairement que j'ai des regrets, sans aller plus loin. Elle me dit qu'elle s'est souvent posé des questions sur ce que ça aurait pu donner sur un terme plus long, que c'est dommage, mais que c'est comme ça, peut-être. Je lui propose de m'accompagner à un concert, notre concert, notre artiste, qu'on a écouté ensemble tout l'été dernier et qui a un peu bercé notre relation, et son après. Elle valide, et me propose qu'on passe la soirée de lundi ensemble avec mon pote panda. Check.
Je raccroche, file à la soirée, fais mon effet cadeau, m'intègre socialement très vite auprès des potes de Coeur, super sympa d'ailleurs, passe une excellente soirée, mais finit complètement ivre mort (sans avoir bu outre mesure pourtant), et repart en ayant branché les filles, en ayant rigolé avec les hommes et en ayant chopé la maitresse de maison.
La classe, quoi.
Je suis rentré chez moi... difficilement, et là, blackout, je me rappelle avoir mis mon portable en charge, avoir fait des pâtes de 3h30 et c'est tout.
Je me suis réveillé pas forcément tout seul, sans parvenir à me rappeler comment on en était arrivés à se revoir.
Je check mon portable, je suis hyper à la bourre au boulot, la Princesse m'a laissé 5 textos pour me dire qu'elle avait envie de moi et que j'étais un connard de pas venir la baiser.
C'est fou comme quitter quelqu'un peut lui donner envie de nous courir après parfois.
Aujourd'hui au taf, la petite nouvelle me propose une copine à elle en plan cul, copine qui habite à deux pas de chez moi, sans que j'ai rien demandé, comme ça, nature.
Ce soir en rentrant, c'est Beau-cul qui ressort des archives pour me relancer et insister pour qu'on se voit très vite, et qu'elle va passer me voir au bar dès demain.
Trois solutions : soit y a un buzz sur moi dans la rubrique "affaire à saisir, urgent", soit c'est le "Summer impact" qui tourne en ma faveur, soit, pour reprendre deux phrases tout ustes mythiques de pdm : "Cherche pas, elles le sentent..." et "Je connais pas son nom, mais y a un Dieu pour les connards."