mercredi 21 janvier 2009

Les Modèles Identificatoires Masculins




Si la vie de tout mec est jalonnée et constituée de rencontres, il en est de celles qui nous construisent, de celles que l'on fait adolescent, ou pré-ado, et où l'on se dit "Quand je serais grand, je veux être comme lui".
Naturellement, il s'agit toujours d'hommes plus âgés, pas forcément beaucoup, mais qui suscitent notre admiration, pour une raison X ou Y.
Je ne pense pas commettre d'erreurs en disant qu'en ce qui me concerne, j'ai eu deux modèles de ce genre.
Le premier est le fils de mon beau-père. 5 ans de plus que moi, je l'ai connu quand j'avais 12 ans, beau gosse, regard de braise, drôle, musicien, hyper charismatique et torturé : autant dire que les filles tombaient comme des mouches autour de lui.
Je le regardais faire avec l'admiration sans borne que l'on peut avoir pour les grands hommes, rougissais quand devant moi et ses potes, il disait à sa copine de la semaine "On va aller prendre une douche?", l'observait pendant ses concerts capter son auditoire, l'écoutait parler, car il était celui que l'on écoute, au point que certains de ses potes se sentaient parfois rabaissés par sa présence. Moi, non, je n'avais que 12 ans. J'étais hors-jeu encore, en maturation.
J'ai appris énormément grâce à lui, et il n'a réalisé qu'il y a 4 ou 5 ans que j'avais "grandi", à une soirée chez lui.
C'est le seul vrai Insaisissable que je connaisse, il vit encore aujourd'hui pour sa passion avant tout, la musique, acceptant les sacrifices et de marcher seul si c'est nécessaire.

Le second est le fils d'une amie à ma grand-mère, et un ami de ma mère, mais les jeux de décalage ont fait que nous n'avons qu'une douzaine d'années d'écart. Lui, il a la top classe : un job qui fait briller les yeux à peine on l'évoque, énormément de charisme, genre, "celui sur qui l'on peut compter", un adulte absolu, responsable, indépendant, aimé, un mec qui a réussi à construire sa vie avec son fan club autour.
Récemment, j'avais appris qu'il était devenu papa, à ma grande surprise, et plus grande encore fut-elle lorsque je connus la mère, une ex à lui, dont il m'avait dit plusieurs fois qu'elle était pas tranquille, qu'elle le traquait, qu'elle comprenait pas qu'il avait trop besoin de liberté, bref il me l'avait gentiment présentée comme une cinglé sur les bords.
Il m'invite à passer les voir dans la maison qu'ils ont acheté ensemble. J'aime bien le coin, et je suis curieux de le voir dans cette nouvelle vie. J'y vais, un peu anxieux quand même.
J'ai vu un homme mort ce jour-là.
J'ai toujours défendu l'idée de ne pas se caser avec n'importe qui.
C'est exactement ce qu'il a fait. Je ne suis pas resté très longtemps, 3 heures peut-être. En 3 heures, je n'ai assisté qu'à une succession de piques réciproques, de "en attendant moi je t'ai jamais largué", de "tu ne vis plus que pour ton gosse de toutes façons", et autres joyeusetés dans le genre.
J'ai eu droit à des heures de plaidoyer m'expliquant que la paternité était une sorte d'illumination, incompréhensible tant que non vécue, et bien que ce soit un homme que j'ai toujours admiré pour son talent d'éloquence, et bien cette fois-ci, non, il ne m'a pas convaincu, et j'ai sentir une profonde tristesse dans la vie de cet homme qu'autrefois j'ai admiré.

Je suis rentré excessivement peiné.
C'est dur de voir ses modèles mourir.

mercredi 14 janvier 2009

How I met... The Girl.


Découvrez The Subways!



Et après...
Tout d'abord, deux trois excuses, pour avoir laissé le blog autant en plan, pour résumer, trop de taf, trop de merdes, et plus de connexion pendant un moment (un Noël sans internet, c'est comme une sodomie sans lubrifiant, ça a du mal à passer chez moi).

Mais il faut bien dire aussi que ce pesant silence (oui, je pourrais être encore plus emphatique) est également et surtout dû à... une personne.

Je terminais mon article "Moi et la relationnite aiguë" par "Et j'ai rencontré une autre personne. Et si je m'écoute, à cet instant, oui, elle sort vraiment du lot...".

Cette fille, nous l'appellerons The Girl, parce que ça veut bien dire ce que ça veut dire. Parce qu'elle est tout ce que je puis espérer chez quelqu'un, tout simplement.
On s'est rencontré dans une administration, là où a priori, on ne rencontre personne, où tout du moins, on n'est pas là pour ça. J'avais pris rendez-vous, et j'étais en retard, comme me l'avait appris le coup de téléphone que j'avais passé,étant dans le doute quant à l'heure du rendez-vous fixé. J'arrive, pas rasé, pas coiffé, pas lavé, et probablement un peu de merde au coin des yeux. On me présente la personne qui doit me recevoir. Jolie, jeune, elle n'est pas vraiment ce à quoi je m'attendais. Je sors mon plus beau sourire, le combine fourbement avec un regard en coin et m'excuse comme un garçon poli pour mon retard, qu'elle me dit tout excusé par mon appel.
Elle m'invite à m'asseoir en face d'elle, je m'exécute, sort les documents afférant à ce pour quoi je suis là, lui tend, un, puis deux, puis, ayant l'impression qu'elle attend encore quelque chose, je me fends d'un "... hmmm... je peux vous sortir des photos de mes vacances si ça vous dit?".
Elle éclate de rire.
"Non, c'est gentil ça ira.... qu'est-ce que vous avez fait pendant les vacances?"
Je m'abstiens de lui répondre que "j'ai taffé tout l'été, c'est la crise sista".
"Pas grand-chose... ah si, je suis monté à Paris voir un concert..."
Sans le savoir, j'avais tapé dans le mille.
"Ah? quoi comme concert?"
Je l'observe, Toute mimi, toute propre sur elle, non, elle ne doit pas connaître, tout du moins pas se rappeler, encore moins écouter...
"Hmmm... je sais pas si vous vous rappelez, dans les années 90, y avait un groupe qui s'appelait Rage against the Machine, nu groupe de rock... ils s'étaient séparés..."
"Oui bien sûr que je me rappelle !! C'était bien?"
"Mythique..."
Elle a les yeux plein de curiosité.
"Vous voulez que je vous montre?"
Elle acquiesce, sourit, je sors mon portable et branche l'oreillette pour ne pas qu'on soit repéré.
On discute musique, concert, rock, on a des goûts assez attenants, je lui montre aussi le concert de Mademoiselle K, lui parle de Queens of the Stone age, elle me dit qu'elle connaît mal, tout juste de nom et peut-être un ou deux morceaux, je trouve ça déjà énorme, je lui propose de lui en envoyer, si ça ne pose pas de problème, elle me dit que ce serait avec plaisir, me tend une carte avec son adresse mail perso, échange de regard, on a très bien compris tous les deux qu'on se plaisait, je sors de son bureau, mon problème est résolu, ça aurait dû prendre 5 minutes, le rendez-vous a duré 40 minuscules minutes de pur bonheur.
Je sors, j'appelle PDM : "Mec, tu vas jamais deviner ce qui m'arrive..."
Je rentre chez moi, je prépare un mail, que je décide d'envoyer le lendemain.
Merde, on s'est voussoyés pendant tout le rendez-vous... je fais ma sélection de morceaux que je compte lui envoyer, mon mail est des plus concis, et je tâche de m'abstenir d'employer la seconde personne tout au long de sa rédaction, évitant ainsi soigneusement de franchir le cap du tutoiement. elle me dira plus tard qu'elle l'a remarqué à la lecture du dit mail, et qu'elle a été limite en admiration devant mes pirouettes stylistiques pour éviter le problème.
Elle me répond le lendemain, en me tutoyant, un mail tout aussi sage que le mien, échange de musique, on apprend à se connaître. On s'envoie quelques mails, tout doucement, nous montrant notre intérêt réciproque.
On en revient pas de ce qu'on peut avoir des goûts similaires, des délires et des expériences en commun.
Là, mon alim pète.
Bah oui, sinon c'est pas drôle. Je suis bien élevé, ele attend une réponse, je préviens par mms. J'achète une alim. Je la monte. J'envoie un mail, elle me répond. Mon alim nouvelle pète également. 3 jours après. Je me mords les lèvres jusqu'au sang, rachète une alim, lui précise dans le mail suivant que je vais garder les cadavres des alims décédées en signe de bonne foi. Elle me répond qu'elle se permet de m'ajouter à ses contacts msn, je lui dis que c'est un plaisir.
J'avance très prudemment avec elle, elle me dira, plus tard, que la distance que j'avais pu mettre, notamment sur msn, lui avait fait limite lâcher l'affaire.
Plus de trois semaines plus tard, j'ai l'impression de la connaître, alors même que je ne l'ai vue qu'une fois, et dans un cadre professionnelle. Je lui demande si son administration inclut les mêmes contraintes que la médecine, à savoir ne pas sortir avec un patient. Elle me dit que pas du tout, que ce sera avec plaisir. Elle est en vacances, entre 2 voyages, lors de ce rendez-vous. Je décide qu'il ne se passera rien.
On se retrouve sur la place du palais de justice, on se regarde on se sourit comme deux cons. On est habillés pareil, du moins le même code couleur, veste kaki, haut blanc, jean, chaussures blanches, c'est totalement ridicule, on décide de se concerter pour la prochaine fois. On va boire un verre dans mon bar aixois préféré, l'endroit de toute la vile où je me sente le plus à l'aise, pas du tout en endroit pour draguer. On discute longuement, mais j'ai le sentiment que son regard est fuyant. Le rencart ne se passe pas mal, pas bien non plus. Je rentre chez moi mitigé, je me demande si elle n'a pas été déçue car je l'ai sentie distante.
Les échanges de mails reprennent, elle est en famille, et autant dire que ce n'est pas à coté. Les textos sont de la partie également désormais. Elle écrit en français, et sans faute, même dans les textos !! On convient de se voir dès qu'elle rentre.
On se chauffe par texto, je lui envoie un texto démoniaque de manipulation dans lequel je décris le déroulement de la soirée à venir, et comment je vais me servir des chatons que j'héberge à ce moment donné (une longue histoire...) pour la faire sournoisement venir chez moi.
Le soir du rendez-vous arrive, je me pointe à l'heure à l'endroit convenu, je ne lui laisse pas placer un mot :
"Avant tout, je dois te voir demain, même 5 minutes, parce que j'ai oublié un truc, et je veux te le donner demain."
Elle ouvre des grands yeux tout surpris, elle devait pas s'attendre à ça comme entame de rencart.
En même temps, je peux tout me permettre, et elle aussi, on sait déjà que l'on a match gagné, on se séduit depuis un mois, on passe la soirée à se dévorer des yeux.
J'ai longuement expliqué à Marion et PDM que je ne n'allais pas coucher avec elle le soir-même. Elle me plaît, trop, je ne veux pas faire de la merde avec elle, je le sais déjà. On est trop similaires, on a trop le même humour pourri, les mêmes goûts sur tant et tant de choses, je sais que je peux tout partager avec elle, un sentiment qu'en 27 ans je n'ai jamais connu.
On boit un verre, on passe chez moi voire les chatons, on respecte scrupuleusement le programme instauré dans le message envoyé quelques jours plus tôt, sans même y faire vraiment attention. On repart manger un morceau, on se découvre des connaissances communes, on s'apprête à repasser chez moi, on est dans ma rue, je la prends par le poignet, l'attire tout contre moi, l'embrasse, reprend mon chemin comme si de rien n'était.
On arrive chez moi, je lui montre quelque chose que je lui avais promis, on reste longtemps sans s'embrasser, puis on s'embrasse longuement, les fringues volent, je lui dis qu'on couchera pas ensemble ce soir, elle me dit que ça lui va, on couche ensemble... On reste un moment collés l'un contre l'autre. Pour une première fois, ça se passe vraiment très bien. Le temps passe on se rhabille (un peu), il se fait tard. Elle me dit qu'elle devrait rentrer, qu'elle travaille le lendemain. On ne sait ni l'un ni l'autre ce qu'on est aux yeux de l'autre. Il se peut que pour elle, je ne sois qu'un plan cul. Elle se dit sans doute la même chose. Je l'invite à dormir chez moi, elle semble surprise, hésite, accepte.
On passe la nuit dans les bras l'un de l'autre, comme un couple, pareil.
Le lendemain je l'attends à la sortie de son taf avec un bouquet de roses oranges, conformément aux roses oranges du premier rendez-vous dont parlait une des chansons qu'elle m'a envoyé. Elle reste bouche bée, je comprends que j'ai fait très fort sur ce coup-là, mais le seul sentiment qui m'emplit, c'est un réel bonheur de la voir, de la sentir touchée et émue par quelque chose que j'ai fait.

Elle est à peu près aussi flippée du relationnel que moi, mis à part qu'elle, c'est plus parce qu'elle a été échaudée par une relation précédente. Les premiers temps se passent à tâtons, mais merveilleusement bien. On est un peu comme deux animaux craintifs qui chercheraient à s'apprivoise.
Lentement, on se découvre, on se présente tous les gens qui composent nos schizophrénies respectives, on apprend l'un et l'autre à composer avec chacun.

Cela fait plusieurs mois désormais, enfin, quelques mois, pas tant que ça au fond, que nous sommes ensemble. Je suis fou de cette fille, comme jamais je n'ai été fou de qui que ce soit, et ça me terrorise. Tout ce qui pourrait me faire la perdre m'emplit d'effroi, et ma parano se réveille à chaque instant, à celui-là même ou j'écris ces lignes, je crains de sa réaction si elle découvrait ce blog, dont je sais que je lui parlerai un jour, car il n'est rien que je lui ai caché de ma vie, excepté ce blog.

On a accepté l'idée de considérer ce qu'on a vécu avant comme un chemin nous ayant amenés à nous rencontrer, mais je ne peux concevoir que d'autres aient touché cette peau, aient été en elle, je frôle la nausée rien qu'à cette idée, et on tache d'éviter soigneusement l'excès de détails quand on se parle de nos expériences de cul passées, tant le sujet nous en fait baver. Je ne dis pas "nous" pour me dédouaner d'un "je", mais bel et bien parce qu'on le supporte hyper difficilement autant l'un que l'autre.

Elle est mon présent, et, je l'espère, mon avenir.

Non sérieux, je rigole pas, j'en chie, j'aurais "jamais cru qu'une relation puisse rendre un mec aussi gay"...